Article du JOURNAL LES AFFAIRES – Pierre Cléroux
Le secteur manufacturier, on le sait, a connu son lot de mésaventures depuis déjà trop longtemps. La mondialisation des échanges et la délocalisation de certaines activités de fabrication a, entre autres, fait mal à ce secteur, tant au Québec qu’ailleurs au Canada ou dans plusieurs autres pays occidentaux. Fait à souligner, c’est un secteur qui reprend toutefois nettement de la vigueur et qui montre des signes encourageants.
À preuve : l’industrie manufacturière québécoise a connu une croissance de son PIB de 3,3 % l’an dernier. Le Canada a enregistré une hausse similaire de 3,4 %. La création d’emplois, qui a progressé de 3,6 % comparativement à 2016, est un autre indicateur de la bonne performance du secteur manufacturier au Québec. De fait, plus de 40 % des emplois créés en 2017 sur l’ensemble du territoire québécois sont attribuables aux entreprises productrices de biens. Ces excellents résultats vont à l’encontre de la tendance observée depuis près de 20 ans.
Les exportations sont en grande partie responsables de ce regain d’activité. Et tout porte à croire que les ventes des fabricants québécois à l’étranger garderont leur rythme. La bonne tenue de l’économie américaine, jumelée à la faiblesse du dollar canadien, favorisera encore les échanges commerciaux entre le Québec et les États-Unis au cours des prochains mois. L’incertitude liée aux pourparlers entourant la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain ne devrait pas non plus modérer l’enthousiasme et les perspectives des exportateurs. Sans cette entente, les échanges commerciaux seraient en effet soumis aux faibles tarifs douaniers de l’Organisation mondiale du commerce qui sont en moyenne de 2,2 %.
Bien sûr, l’industrie manufacturière ne reviendra pas à ses années glorieuses quand elle générait près de 25 % du PIB québécois et quelque 20 % des emplois. N’empêche : le poids du secteur manufacturier dans l’économie québécoise semble aujourd’hui se stabiliser autour de 14 %. De plus, aux quatre coins de la province, le secteur demeure une composante névralgique de son développement économique, puisqu’il est un moteur essentiel pour les exportations, l’innovation et la création de richesse.
Pour demeurer vigoureux et concurrentiel, le secteur manufacturier devra accélérer l’adoption des nouvelles technologies et l’automatisation des usines. La prospection de nouveaux débouchés sur les marchés étrangers est aussi essentielle.
EXPERT INVITÉ
Pierre Cléroux est vice-président, Recherche et économiste en chef de la banque de développement du Canada (BDC).
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